bambous
Bamboo - Bambou

D’un point de vue botanique…

Bien qu’on se promène au milieu d’une « forêt » de bambous, ces derniers ne sont pas des arbres mais des graminées, de la même famille que le gazon qui pousse dans vos jardins ou les céréales de nos champs (blé, riz, avoine, maïs…) Cependant ce n’est pas une plante herbacée mais une plante ligneuse (elle ne fane pas quand elle sèche, ses parois durcissent)
. Elle détient de nombreux records, dont celui de la croissance végétale avec des constatations de croissance de plus de 1 mètre en 24 heures. Le bambou allie la solidité d'un arbre à la flexibilité d'un jonc.
Plus de 1500 espèces de bambous sont réparties sur tous les continents, divisées en 2 familles : les Bambusa, originaires des régions tropicales et subtropicales, et les Arundinaria, originaires des régions tempérées. On les retrouve en Chine, au Japon, en Birmanie, en Inde, en Himalaya (jusqu’à 3000 mètres) mais aussi en Australie, en Amérique du sud et en Afrique.
Quant à l’Europe, on trouve des traces fossiles de bambous avant leur disparition lors des dernières glaciations. C’est au début du 19ème siècle que des botanistes français vont acclimater des espèces exotiques venues de Chine, Japon, Amériques, etc.
L’un des plus beaux parcs actuels est la Bambouseraie d’Anduze, dans les Cévennes. Avec ses 34 hectares et plus de 1000 variétés, il est l’un des plus grands d’Europe.
 
Comme chez toutes les graminées, la tige aérienne de la plante s’appelle le chaume et la partie souterraine le rhizome avec ses nombreuses racines. Les branches partent d’un nœud et les feuilles s’y déploient.
2 types de développement du bambou existent : les leptomorphes (rhizomes traçants) et les pachymorphes ou cespiteux (rhizomes non traçants). Il faut compter environ 3 à 5 ans pour que le bambou atteigne sa maturité.
 
Le chaume est dans la plupart des cas creux et une cloison au niveau des nœuds (le diaphragme) fait du chaume une suite de tubes fermés. Son nom vient d’ailleurs de ses propriétés physiques, les indigènes qui accompagnaient Marco Polo (1254 – 1324) dans les îles Philippines firent un feu de camp avec des chaumes de bambous afin d'éloigner les animaux sauvages. Lors de la combustion, l'air contenu à l'intérieur des tiges creuses se dilata et produisit une détonation « bam » puis l’air s’échappant créa un souffle « bouhhh ! » La légende raconte que cette onomatopée a donné le nom à la plante : bamboo, bambou
 
La jeune pousse, encore tendre se nomme le turion. Elle est enveloppée dans une gaine protectrice. La pousse renferme déjà la tige du bambou compressé, ce qui explique en grande partie la rapidité de croissance de cette plante
 
La gaine du chaume protège la jeune pousse de bambou pendant sa croissance puis tombe et se dessèche au pied du bambou. Elle s'appuie sur le nœud.  
 
Le chaume est creux, à de rares exceptions près, et segmenté par des nœuds. La distance entre ces nœuds est appelée l'entre-nœud. Une rainure verticale ou une surface aplatie apparaît tout le long de l'entre-nœud. Au moment de la croissance d'une jeune pousse, les bourgeons de branches se forment sous la gaine et celle-ci, en serrant la tige encore tendre, imprime sa trace. Le chaume est dépourvu d'écorce et à l'inverse des arbres durcit de l'intérieur. Sa couleur verte est due à la chlorophylle présente en grande quantité.
 
La couleur du chaume varie selon l'espèce (plus de 1500 recensée de nos jours), elle peut être verte, jaune, noir, rougeâtre, bicolore...unie ou tachetée.
 
Les botanistes différencient les différentes espèces de bambous par leur chaume. Certains mesurent à peine quelques centimètres, d'autres plusieurs mètres.
 
Les feuilles du bambou ont en général une forme allongée, arrondie à la base, effilée au sommet. Elles sont très souvent vertes mais aussi veinées de blanc ou de jaune. Les feuilles s'enroulent, signe d'un manque d'eau ou une trop grande exposition au vent. Celles-ci indiquent la bonne santé du bambou et le feuillage est plus opulent au printemps.
 
Un des grands mystères de la nature accompagne les bambous puisqu’ils fleurissent et produisent des graines simultanément dans le Monde tous les 40 à 120 ans selon l’espèce. Cette production de graines épuise la plante. En Chine la floraison du bambou était considérée comme une grande malédiction ou l’annonce d’une famine à venir.

Bamboo

Le bambou accompagne l’homme de la naissance à la mort…


Le bambou est utile pour de nombreux usages tout au long de la vie d’un Homme. Il lui sert à se nourrir (jeune pousse, turion), à se chausser (gaines), à fabriquer des ustensiles de cuisine, des outils, des balais par exemple. On le retrouve également comme matériel de construction de maisons, très prisé en Asie pour fabriquer les échafaudages grâce à sa résistance, comparable à l’acier, et sa légèreté. Il est utilisé pour fabriquer du mobilier et depuis peu dans l’industrie textile.

Le Yumi (arc traditionnel japonais), le Shakuhachi (flute en bambou utilisée dans la méditation zen) ou Chiba (nom chinois) sont fabriqués avec du bambou.

Les premiers textes chinois sont inscrits sur des lattes de bambous, ce sera les prémices du livre. La calligraphie et la peinture sont intimement liées au bambou (pinceaux, motifs…). Les idéogrammes semblent eux-mêmes être fait de feuilles de bambous.

Thomas Edison a utilisé un filament de bambou pour la première ampoule électrique. La première pointe de lecture du tourne-disque de Graham Bell était en bambou. La célèbre canne de Charlie Chaplin était en bambou.

En médecine, le bambou est utilisé pour les troubles de la circulation, l’asthme et les affections rénales.

YumiLettre en bamboushakuhachi

Le panda géant, animal symbolique chinois, consomme uniquement du bambou pour se nourrir.

Panda géant

Le bambou est un atout majeur pour le développement durable, il est exploitable au bout d’un an pour la fabrication de papier et de trois ans pour la construction, alors que quinze à trente ans sont nécessaires pour un pin voire soixante ans pour un chêne. Il permet de lutter fortement contre l’effet de serre du fait de sa croissance très rapide, il stocke une grande quantité de carbone et libère une bonne quantité d’oxygène. Enfin il permet de lutter contre l’érosion des sols grâce à son réseau racinaire très important. Le bambou est une ressource indispensable au bon développement de notre environnement.

Le bambou, une source d’inspiration méditative…


Le bambou a une très forte symbolique à travers les populations qui le côtoient. Symbole de droiture par son développement vertical, symbole de fertilité et d’altruisme à l’image du pied mère qui nourrit tout son groupe, c’est également le symbole de l’adaptation par sa flexibilité. Le bambou tout comme le roseau plie mais ne rompt pas.

Les maîtres zen lui accordent un profond respect, il croît autour du vide de son chaume et représente ainsi la plénitude, l’objectif recherché par bon nombre de pratiquants d’arts martiaux. Son bruissement fut pour quelques maîtres le signal de l’illumination. Les ondulations de son feuillage et de ses chaumes évoquent la paix et l’harmonie.

 

Le vide et le plein doivent être clairement distingués.
Chaque lieu possède bien sûr son équilibre propre entre le vide et le plein,
Chaque lieu se compose d'un Vide et d'un Plein.
Chaque partie du corps est ainsi enfilée aux autres,
Sans qu'il y ait la moindre rupture.


Chang San Feng
Le Discours du Tai Chi Chuan




Légende de la princesse Kaguya Hime

MontFuji

Un pauvre paysan sans enfant découvre un jour un bambou géant et magnifique qu'il décida de couper. Une toute petite fille se trouvait dans le chaume. Le paysan l'emporta et l'éleva tendrement. Elle grandit et devint une belle jeune femme, comblée de tous les dons. Elle fut très vite célèbre dans tout le pays. Cinq jeunes nobles se disputèrent sa main, mais peu émue de leurs propositions, elle fixa à chacun une impossible épreuve et ils abandonnèrent tous. Enfin, l'empereur tomba amoureux de Kahuya-hime. Embarrassée, elle annonça qu'elle ne souhaitait pas se marier et que les anges viendraient la chercher à la pleine lune pour la reconduire dans cet astre, qui était son pays natal.

L'empereur dépêcha deux milles soldats pour l'arrêter. En vain, elle s'échappa dans les cieux en laissant une lettre que l'empereur, après l'avoir lue, commanda de brûler au sommet de la plus haute montagne du pays. Cela fait, la fumée magique persista et la montagne fut désormais connue sous le nom de Fuji, l'immortelle.

 

Légende de la fougère et du bambou

Fougere Bambou

« Un jour, je me suis avoué vaincu… J’ai renoncé à mon travail, à mes relations, à ma vie. Je suis alors allé dans la forêt pour parler avec un ancien que l’on disait très sage. »

« Pourrais-tu me donner une bonne raison de ne pas m’avouer vaincu ? » Lui ai-je demandé.

« Regarde autour de toi, me répondit-il, vois-tu la fougère et le bambou ? »

« Oui », répondis-je.

« Lorsque j’ai semé les graines de la fougère et du bambou, j’en ai bien pris soin. La fougère grandit rapidement. Son vert brillant recouvrait le sol. Mais rien ne sortit des graines de bambou. Cependant, je n’ai pas renoncé au bambou.
La deuxième année, la fougère grandit et fut encore plus brillante et abondante, et de nouveau, rien ne poussa des graines de bambou. Mais je n’ai pas renoncé au bambou.
La troisième année, toujours rien ne sortit des graines de bambou. Mais je n’ai pas renoncé au bambou.
La quatrième année, de nouveau, rien ne sortit des graines de bambou. Mais je n’ai pas renoncé au bambou.
Lors de la cinquième année, une petite pousse de bambou sortit de la terre. En comparaison avec la fougère, elle avait l’air très petite et insignifiante.
La sixième année, le bambou grandit jusqu’à plus de 20 mètres de haut. Il avait passé cinq ans à fortifier ses racines pour le soutenir. Ses racines l’ont rendu plus fort et lui ont donné ce dont il avait besoin pour survivre.
Savais-tu que tout ce temps que tu as passé à lutter, tu étais en fait en train de faire pousser des racines ? », dit l’ancien, et il continua…

« Le bambou a une fonction différente de la fougère, cependant, les deux sont nécessaires et font de cette forêt un lieu magnifique.
Ne regrette jamais un seul jour de ta vie. Les bons jours te rendent heureux. Les mauvais jours te donnent de l’expérience. Les deux sont essentiels à la vie. », lui dit l’ancien, et il continua…

« Le bonheur te rend doux. Les essais te rendent fort. Les peines te rendent humain. Les chutes te rendent humble. La réussite te rend brillant.
Si tu n’obtiens pas ce que tu désires, ne désespère pas… Qui sait, peut-être que tu es juste en train de fortifier tes racines. »



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